La montagne vosgienne
Cache sous les sapins
La digitale pourpre
Et le lys martagon.
Si belle est sa forêt
Riche de promesses
Et d’un goût de myrtilles
Fardé de violet.
Si douce est la présence
Des fragiles beautés
D’un sentier où s’invite
L’éclat de l’églantier.
Puis soudain s’élance
Une flamme de pierre
Creusée d’un seul corps
Apostrophant le ciel.
Puis soudain s’étale
Une trouée sans arbres
Qui terrasse l’espoir
Du haut d’un mirador.
Puis soudain défile
Le vertige des marches
Où s’épuisent les pas
De la mort immobile.
Puis soudain s’amplifient
Ces cris restés muets
Qui s’accrochent sanglants
Au fer des barbelés.
Puis soudain s’allonge
L’ombre de la potence
Comme pour éclipser
L’effroi d’un four béant.
Puis soudain sur l’instant
S’abîment des fumées
Qui supplient la mémoire
De n’oublier jamais.
Le temps est à la pluie
Lourd de trop de silence
Que dérobe un regard
Au bleu des myosotis.