Femme au sexe de pain, où se pétrit le genre humain...

Des roses blanches
Le long d’un mur,
Toujours les mêmes !

Des mots
Le long d’un mur,
Toujours les mêmes !

Des passants qui s’arrêtent,
Et ne peuvent comprendre,
Que de jeunes barbares,
Toujours les mêmes,
Puissent tuer un garçon,
Qui le matin
Était encore un collégien !

Indicible douleur,
Toujours la même,
Qui face à l’horreur
N’a que des roses blanches !

Extrait du recueil: LE TEMPS DE LE DIRE

Ridicule et pourtant, bien souvent fascinante,
La boule que renverse un geste de la main,
Se moque des saisons et fait avec entrain,
Retomber ses flocons sur l’image innocente.

Son tourbillon naïf face aux heures présentes,
Nous parle d’autrefois, revient comme un refrain,
Raconter de l’enfance un moment clandestin,
Pour goûter à nouveau des surprises charmantes.

Cette chose inutile au charme désuet,
Sans la moindre valeur, n’est qu’un simple jouet,
Qui capte le regard et l’emmène en voyage.

S’invitent les cristaux d’un blanc manège offert,
Enchanté par l’éclat d’un fragile mirage,
L’espace d’un instant, pour saluer l’hiver.

Marie LACROIX – PESCE nous invite à découvrir :
LE TEMPS DE LE DIRE !
Marie LACROIX – PESCE mourante, a été conduite aux urgences début janvier 2024. C’est durant sa longue hospitalisation de presque trois mois, qu’elle va écrire la plupart des poèmes contenus dans ce recueil. Des poèmes qui disent le réel, mais aussi l’imaginaire, et qui livrent le ressenti d’un moment, avec des mots pétris d’une chair, où s’éclipsent
des soleils.

Avec des mots qui dévoilent l’intime, transcendent la souffrance, qui s’indignent, se révoltent, et ricochent pour mieux se souvenir. Avec des mots qui disent l’omniprésence de l’amour, de la mort, et qui tremblent de ne pouvoir apprivoiser le temps.

INSTANT (VERS RHOPALIQUES)

Toi,
Ta peau
Contre moi
Enveloppante,
Et cette lourdeur
De ton bras sur mon sein,
Captif de l’évanescence
D’un rite indomptable et sauvage,
Qui s’efface pour renaître encor
Prisonnier de chaque appel ancestral,
Cognant le désir aux portes du destin,
Quand un besoin charnel croit posséder le temps.
Face à l’incertitude des lendemains,
Le hasard trop souvent désespérant
Veut inventer d’autres paysages,
Des mots qui disent l’infini
Sur le souffle de ta bouche.
Ébloui de tendresse
Se rythme l’instant
Ivre d’amour,
Qui sourit
Et rêve
Seul.

FRANCE

Découvrir, peu à peu, ton visage ma France,
Tellement différent qu’il brouille le miroir,
Efface du passé les rêves sans espoir,
Cherchant une raison pour contrer le silence!

Ton sourire se lasse, et ta jupe qui danse,
Le long de tes sentiers où s’abîme le soir,
Pleurant d’avoir perdu l’essence du savoir,
N’ose plus tournoyer, ni chanter ta romance!

Un ennemi rampant obscurcit ton parcours,
Menace ton drapeau, réfute tes amours,
Et les mots précieux de ta langue si belle!

Chasse l’intolérable épris de ton malheur,
Baptise tes saisons d’accents, de ritournelles,
Pour que, face au futur, s’affirme ta grandeur!

Une suite de poèmes en vers libres d’une grande force émotionnelle et poétique. Suivie du tourbillon d’un “manège” cadencé 5/3/5.Puis  de trois sextines, avec leurs rimes qui reviennent, mais dans un ordre différent. Et enfin, de dix sonnets qui se répondent en écho.

À l’heure où s’étiole une vie, des arrêts sur image qui, dans l’harmonieuse fluidité des mots, disent l’essentiel. L’écriture s’imprime à même la chair, cisèle l’importance d’un moment, le goût des choses simples, la nostalgie de ce qui fut, l’indicible douleur et l’omniprésence de la fatalité. Défile un film en noir et blanc, riche d’une intense sensibilité. Il nous conduit jusqu’aux portes d’un destin, que seul l’AMOUR peut transcender, dans les ACCORDS d’une valse dernière !


@Tableau original de l ‘artiste peintre René LACROIX

Publié chez Hugues Facorat Edition
Marie LACROIX-PESCE est également publiée en numérique, chez Short-édition.com

MONSIEUR LE PROFESSEUR

Vous fûtes bien seul
Lors de ces jours maudits
N’offrant qu’un linceul
À votre tragédie!

Vous qui vouliez
Monsieur le professeur
Partager le savoir
Les rêves de bonheur
Raviver l’espoir
Éveiller les consciences
Comment vous oublier
Dans votre long silence!

Face au danger
Qui suce le sang
De toute liberté
Face à la barbarie
L’horreur de ses drames
Votre ultime combat
Révéla l’infamie
Dénonça l’incurie
D’inutiles débats!

Chère laïcité
Si tu recules
Si tu t’émascules
Si tu trembles de peur
Si se mutile ta parole
Alors l’humanité
Perdra son âme
Et Samuel PATY
L’essentiel de sa vie!

Que se passa -t-il en 2020 ? La Joconde continua de sourire !

Durant l’année 2020, deux hommes âgés qui se sont rencontrés par hasard, se retrouvent souvent dans un parc, toujours sur le même banc. Dans une longue suite de dialogues, ils parlent des choses de la vie.

Ils abordent divers sujets, parfois de façon singulière. Ils argumentent avec un certain humour, qui peut les conduire jusqu’aux limites de l’absurde.

Leurs mots se font écho, tantôt avec légèreté, tantôt avec gravité. Au cours de ces moments de mise entre parenthèse, où le temps semble suspendu, ils oublient leur fin prochaine. Viendra le jour où l’un des deux disparaîtra. Peu importe lequel, car ils sont interchangeables.

Alors se figera le silence.

 

Publié chez Hugues Facorat Edition
Marie LACROIX-PESCE est également publiée en numérique, chez Short-édition.com

Ses longs cheveux apprivoisent le vent,
Cachent ses lèvres tremblantes,
L’immensité d’un regard
Qui dénonce
La mortelle barbarie.

Elle s’appelle LIBERTÉ!

À son sein dénudé
Palpite une lumière,
Et son ventre fécond
Promet des lendemains
Qui sauveront le monde.

Elle s’appelle LAÏCITÉ!

Ses longs cheveux caressent le béton
Où gît une espérance,
Le droit de penser, de savoir,
De choisir,
Et d’aimer la vie.

Elle s’appelle SAMUEL PATY!

La montagne vosgienne
Cache sous les sapins
La digitale pourpre
Et le lys martagon.

Si belle est sa forêt
Riche de promesses
Et d’un goût de myrtilles
Fardé de violet.

Si douce est la présence
Des fragiles beautés
D’un sentier où s’invite
L’éclat de l’églantier.

Puis soudain s’élance
Une flamme de pierre
Creusée d’un seul corps
Apostrophant le ciel.

Puis soudain s’étale
Une trouée sans arbres
Qui terrasse l’espoir
Du haut d’un mirador.

Puis soudain défile
Le vertige des marches
Où s’épuisent les pas
De la mort immobile.

Puis soudain s’amplifient
Ces cris restés muets
Qui s’accrochent sanglants
Au fer des barbelés.

Puis soudain s’allonge
L’ombre de la potence
Comme pour éclipser
L’effroi d’un four béant.

Puis soudain sur l’instant
S’abîment des fumées
Qui supplient la mémoire
De n’oublier jamais.

Le temps est à la pluie
Lourd de trop de silence
Que dérobe un regard
Au bleu des myosotis.